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PAS DE RECONDUITE A LA FRONTIERE POUR LES OURS DES PYRENEES

Chantal Jouanno, secrétaire d’Etat chargée de l’Ecologie, rencontre aujourd’hui les membres du Comité de Massif des Pyrénées. Il s’agit de débattre sur des propositions en vue d’une stratégie de préservation et de valorisation de la biodiversité pyrénéenne. Mais il s’agit bien-sûr d’évoquer aussi le problème de l’ours brun dans nos montagnes. Rassemblés devant la préfecture de Toulouse, les opposants à la réintroduction de l’ours, rythment avec des pétards le discours de la Secrétaire d’Etat.

Chantal Jouanno à Toulouse

De gauche à droite . Dominique Bur, préfet, Chantal Jouanno et son attaché de presse, à la préfecture de Toulouse – crédit photographique : © Véronique Samson

Que les opposants soient rassurés, Chantal Jouanno annonce qu’il n’y aura «pas de nouvelle introduction massive et systématique de l’ours», contrairement au gros titre de la Dépêche du Midi (Deux ours de plus ?). Cette méthode a crée des heurts au sein de la population locale, donc aujourd’hui il faut « sortir de cette logique », dit-elle. En 1996, huit plantigrades avaient été introduits, mais 3 sont morts. A l’heure actuelle, les ours se reproduisent naturellement et les plantigrades sont mieux adaptés à leur environnement de haute montagne. Elle insiste il n’y aura pas « d’introduction de 6 à 10 ours qu’on va chercher ailleurs ». Par contre, il y aura un «remplacement systématique des ours morts accidentellement», ainsi qu’un « suivi annuel de la population des ours ». Le Comité de massif co-décidera l’élaboration de la stratégie et réalisera le suivi. Dominique Maïtia, co-Président du comité de Massif, rajoute sur le ton de l’humour : « il n’y aura pas de reconduite à la frontière, pas de charter pour les ours… ». Il n’a pas précisé s’il s’agissait de la frontière espagnole ou slovène ! C’est également le Comité, qui sera chargé de définir ce qu’est un «ours à problème». Franska, tuée en 2007, a été définie ainsi par la Secrétaire d’Etat. Celle-ci a demandé à ce que le choix de l’ours se fasse cette fois-ci « sans pression médiatique et sans pression de calendrier ». Le plantigrade qui sera réintroduit ne devra pas être un ours nourri, qui aura l’habitude de se rapprocher des Hommes ». Il devra avoir un « comportement farouche » afin qu’il reste dans son milieu de haute voire moyenne montagne, ce qui avec Franska n’était pas le cas, selon Chantal Jouanno. Le prochain lâcher d’ours ne se fera pas avant le printemps 2011. Financièrement, il faut savoir qu’en 2006, un lâcher d’ours coûtait environ 500 000 euros par ours. Le lâcher aura lieu dans le Béarn puisque dans cette région, il ne reste plus que trois mâles. Une femelle sera introduite dans le massif afin que la reproduction se fasse naturellement. Actuellement 19 à 22 plantigrades vivent dans les Pyrénées. Mais nous sommes loin de l’objectif des 50 plantigrades, qui forment une population viable, réclamé par les défenseurs de l’ours.

Chantal Jouanno veut apaiser les passions et souhaite « faire de l’écologie sereinement et honnêtement ». Elle ne veut pas tomber dans les symboles et trouve réducteur de lier la biodiversité uniquement au problème de l’ours brun. La biodiversité, c’est aussi s’occuper du bouquetin, du vautour, du grand tétras et du desman. Elle rajoute : « la biodiversité, c’est aussi la qualité des eaux, l’alimentation, la pharmacopée. C’est un tout.» Mais de manière plus comptable, n’oublions pas de rappeler que l’Europe accorde des crédits pour la conservation de l’ours. L’Etat doit donc proposer des stratégies environnementales sérieuses, sinon il devra payer non seulement une amende mais à l’avenir les crédits seront bloqués. La stratégie d’apaisement de Chantal Jouanno ne sera donc peut-être pas aussi durable que son ministère…