Archives mensuelles : août 2012

LES ROMS – programme d’insertion par l’auto-construction

Comme chaque année, indépendamment de la couleur politique et par un beau ciel bleu d’août, les Roms sont à la une des médias : les Roms sont expulsés. Cela devient un marronnier, tout comme les régimes et les maillots de bain du mois de juin !

Implantés le plus souvent sur des terrains vagues, en bordure de ville, loin des regards, les Roms tentent de vivre sans hygiène, sans électricité et sans point d’eau. Pour certaines villes, la seule solution pour ne plus avoir ce problème est l’expulsion. Nous l’avons constaté récemment encore à Lille. D’autres ont choisi des solutions plus constructives et se sont orientées vers des programmes d’intégration. Il en existe quelques-uns en banlieue parisienne.

Les programmes d’insertion varient. Un projet d’auto-construction démontre que tout est possible même en 2011 mais c’est peut-être une exception.

Pour quelques familles Roms souscrivant à ce programme d’insertion, 22 maisons en kit ont été montées en auto-construction, donc par les habitants eux-mêmes. Au risque de choquer certains, il s’agit de maisons d’architecte conçues avec un beau bardage en bois. Oui, les Roms, que nous appellerons ici, les habitants, peuvent aussi loger dans de belles maisons même s’ils ne votent pas.

Maison en kit pour Roms

Maisons construites par les Roms en banlieue parisienne dans le cadre d’un programme d’insertion. Elles ont été conçues par un architecte. Crédit photographique : © 2011 Véronique Samson.

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Les pans de murs isolés sont montés sur un plancher, placé sur une structure (plots et poutres) en béton. La toiture plate est en acier. Les auto-constructeurs se sont consacrés uniquement à monter les kits intérieurs et extérieurs. La plomberie, l’électricité et le raccordement aux réseaux divers ont été assurés par des entreprises. Chaque maison est attribuée à une famille suivant la surface nécessaire à ses membres, allant de 20 à 30 m². En contrepartie, tout comme dans d’autre programme d’insertion, les habitants doivent scolariser leurs enfants, participer à des cours de langue. Ils apprennent bien souvent notre langue très rapidement, contrairement à un Français.

Ce type de projet n’est pas simple à mettre en place. Il s’agit tout d’abord de problème foncier. Car même si le terrains sont généralement coincés entre de multiples réseaux ferroviaires et/ou viaires, ceux-ci ont un coût. Il faut également créer des structures d’accompagnement. De plus, il est nécessaire de modifier la législation afin que les Roms accèdent au travail, sans quoi ils resterons dans une situation précaire. Il faut souligner que ces maisons démontables ne sont là que pour accueillir les familles pendant deux ans. Au terme de cette période, il est envisageable que les familles puissent voler de leurs propres ailes et louer un logement en ville.

Pour les municipalités, les obstacles ne sont pas tant d’ordre technique. L’argent est une chose, mais l’image en est une autre. La preuve, certains conseils généraux préfèrent taire ces projets très ambitieux et très positifs, car ils pourraient attirer le mécontentement de la population (votante). On pourrait reprocher à ceux qui sont rejetés de toute part d’habiter décemment des maisons d’architecte situées entre deux voies ferrées. On voit poindre aussi la crainte que ce type de programme ne crée un appel d’air comme si la planète entière allait débarquer sur ces petits lopins de terre.

La réunion interministérielle, qui a lieu aujourd’hui à Matignon, aurait pu avoir lieu avant le démantèlement des camps de Lille, de Lyon et de Paris, ce qui aurait donné une image plus réfléchie et plus constructive de ce nouveau gouvernement. Espérons que cette réunion puisse déboucher sur des actions concrètes. Les Roms pourraient enfin devenir des habitants comme les autres ; enfin pas tout à fait puissent qu’ils sont auto-constructeurs et ouverts à divers apprentissages.