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PARTICIPATION DES FEMMES

Au Festival Etonnants Voyageurs, il y avait foule comme chaque année. Mais qui sont ces gens du voyage ?

presentation du concours jeunesseCarole Martinez (Coeur cousu) a reçu le prix Ouest-France au festival Etonnants Voyageurs 2007. Cette année, elle a été invitée à écrire le début de la nouvelle pour le concours jeunesse. Sur les 5 lauréates, il y avait un garçon. Crédit photographique © 2013 Véronique Samson.

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Ce sont des journalistes, des écrivaines, des cinéastes, des dessinatrices, des scénaristes, des musiciennes, toutes des raconteuses d’histoires.

Voyons de plus près la participation des femmes à un tel festival, qui regroupe un total de 266 invités selon le catalogue.

Pour ce cru 2013, vous pouviez rencontrer

                          66 voyageuses pour 200 voyageurs !

Soit une participation de 75,19 % d’homme contre une maigre part de 24,81 % de femme auteur (même pas le quart).

Quant à la représentation iconographique des invités, le résultat est encore plus marquant. Pour un total de 39 photographies issues du catalogue :

                          7 femmes sont représentées pour 32 hommes.

Soit une représentation de 17,95 % de femmes pour 82,05 % d’hommes.

Alors où sont-elles les femmes ? C’est peut-être comme en cuisine : les femmes sont majoritairement derrière les fourneaux mais ce sont les hommes les plus toqués ! En littérature, ce sont elles qui lisent et qui achètent les romans et les hommes qui sont peut-être les plus édités et invités aux festivals.

Alors une pensée pour quelques grandes écrivaines et voyageuses : Alexandra David Neel, Jeanne Barret, Isabelle Eberhardt, Odette de Puigodeau…et plus proche de nous Anne Nivat, Michelle Tourneur…

Alors qu’on parle actuellement d’instaurer une parité femme-homme, ces chiffres nous laissent tout de même rêveuses et pensives.

 

FRANCE INTER : Stéphane Paoli au festival Etonnants Voyageurs

Sur le plateau de France InterDe gauche à droite et de haut en bas :  Michel Le Bris, Frankétienne et Manault Deva, Lyonel Trouillot, Bernard Tavernier. Crédit Photographique :   © 2013 Véronique Samson.

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Anne Nivat, Bertrand Tavernier, Michel Le Bris, Atiq Rahimi, Frankétienne, Lyonel Trouillot, Manault Deva étaient aussi au Festival Etonnants Voyageurs de St Malo. Ils étaient les invités de Stéphane Paoli au Palais du Grand Large sur le plateau de 3D, de France Inter.

Bertrand Tavernier

Bertrand Tavernier présente son livre « Amis Américains » au Festival Etonnants Voyageurs. Crédit photographique :  © 2013 Véronique Samson.

Pour réécouter l’émission 3D

ATIQ RAHIMI : d’une pierre magique deux coups

Avec Syngué Sabour, Atiq Rahimi réalise deux coups de maître : un roman (prix Goncourt 2008) écrit en français et une superbe adaptation cinématographique en persan.

« Syngué Sabour », c’est l’histoire d’une pierre magique que l’on place devant soi et à qui l’on parle. On déverse sur elle ses peurs, ses secrets, ses envies. Un jour, la pierre éclate et libère l’être.

Livre_Samson

Un roman, un film : deux versions différentes s’étonne-t-on parfois ! L’auteur réalisateur s’en explique au festival Etonnants Voyageurs de St Malo. «J’ai voulu faire quelque chose de différent. Cela aurait été un total ennui de répéter la même histoire deux fois». Bien souvent les gens sont déçus lorsqu’ils voient l’adaptation d’un livre au cinéma. En général, ils regrettent que le réalisateur ne colle pas au texte du livre. Volontairement, Atiq Rahimi n’a pas voulu rester fidèle à son roman car pour lui, c’est tout simplement impossible. « La littérature a son univers et le cinéma a une autre manière de raconter les histoires. Chaque art, que ce soit la photographie, le théâtre, le cinéma, a la même réalité mais il en donne une autre dimension. La structure narrative d’un film est très différente de celle d’un roman. Par ailleurs, j’ai toujours un amour pour cette femme et pour mon personnage. J’ai donc voulu lui donner une autre vie, une autre chance». Avec beaucoup d’humour, Atiq Rahimi a voulu rassurer son public : « si la fin est ouverte, ce n’est pas pour tourner Syngué Sabour 2 » Nous voilà rassurés !

Atiq Rahimi et JC Carriere

Atiq Rahimi et Jean Claude Carrière parlent sur le thème du roman avec le journaliste Yann Nicol. Impossible de ne pas rencontrer l’auteur franco-afghan au festival Etonnants voyageurs de cette année ! Avec dix conférences, Atiq Rahimi est la véritable coqueluche du festival malouin. Crédit photographique : © 2013 Véronique Samson.

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Mais en en quoi différent les deux versions si ce n’est cette fin plus optimiste ? Pour traduire la voix intérieure de cette femme, qui n’a pas de nom et qui symbolise toutes les femmes, Atiq Rahimi a transformé le monologue en un dialogue avec l’homme, sans nom, qui gît au sol. Dans le film, il s’agit « d’un dialogue avec le silence de l’homme ». Par ailleurs, il a changé de point de vue. Dans le roman, le narrateur ne quitte pas l’appartement. On perçoit l’extérieur à travers un rideau, on apprend que cette femme va chez sa tante mais nous n’avons que des bribes du monde extérieur. Par contre, dans l’adaptation cinématographique, la caméra suit cette femme dans la rue, au delà du portail de la maison, dans les rues où se manifeste la guerre. Le réalisateur franco-afghan montre l’univers de la femme de manière plus précise alors que dans le roman, le lecteur ou la lectrice ne peut que s’imaginer un environnement extérieur. Le film change donc de perspective et donne une autre dimension tout en gardant l’esprit du roman.

Jean Claude Carrière, qui a collaboré au scénario et Atiq Rahimi ont réalisé un réel coup de maître. En relisant le roman, nous prenons conscience que ces deux œuvres ont vraiment des vies différentes. Nous ne voyons pas du tout le film se dérouler devant nos yeux, lorsque nous (re)lisons le roman. Avoir pu séparer les deux œuvres, est une véritable réussite.

Atiq Rahimi et JC Carriere

Au festival Etonnants Voyageurs, Jean Claude Carrière propose sa différence entre l’écrivain oriental et l’écrivain occidental. « L’Oriental garde son chapeau en public alors que l’Occidental l’enlève ». Crédit photographique : © 2013 Véronique Samson.

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Syngué Sabour a été projeté à Kaboul à diverses occasions, l’une pour un comité de sélection de films présentés aux oscars, l’autre à la faculté des Beaux Arts. Il circule aussi en DVD et sur internet en Afghanistan et en Iran. Quant à l ‘accueil qui lui a été réservé, il est très positif dans les milieux féministes. On pouvait se l’imaginer. Par contre, dans les milieux de femmes un « peu religieux », l’auteur précise : « elles sont prêtes à payer pour qu’on te coupe la tête » !

Les difficultés pour produire un tel film ont été de deux ordres. D’une part, trouver un producteur pour financer un film en persan n’a pas été simple. Un producteur avait envisagé Penelope Cruse pour jouer en anglais le rôle de la femme. Pour Atiq Rahimi, c’était impossible. Il était clair que le tournage se ferait en persan, même si le roman a été écrit en français. Il a donc fallu réduire le budget.

Par ailleurs, trouver une actrice pour incarner le rôle de la femme s’est avéré très délicat. Atiq Rahimi a cherché parmi les actrices afghanes et iraniennes. Finalement, il a rencontré Golshifteh Farahani chez Jean Claude Carrière. « Quand j’ai vu l’actrice, je suis tombé parterre devant sa beauté. Mais en même temps j’ai hésité dans mon choix car je ne voulais pas que sa beauté l’emporte sur le personnage, sur la personnalité de la femme et sur l’histoire. J’ai parlé avec l’actrice et derrière cette beauté, j’ai vu une personnalité, un art, une grande artiste, une grande comédienne ». 

Golshifteh Farahani est certes d’une grande beauté mais cela ne l’empêche pas d’être d’une grande finesse et d’une grande justesse. La beauté n’est pas forcément un obstacle à l’intelligence et ça c’est valable pour toutes les femmes !

Pierre de patience c’est un film, c’est aussi un roman. Bravo pour ces deux œuvres sensibles, sensuelles et troublantes.

Voir la bande annonce de Syngué Sabour

IL PLEUVAIT SANS CESSE SUR TERRE CE JOUR LA !

Juin arrive à grand pas. Les journées sont de plus en plus longues… et les journées glaciales aussi !

En Bretagne, les averses se succèdent à toute vitesse. Hier soir, la grêle était aussi au rendez-vous. Les masses nuageuses courent en tout sens à travers l’éther. Le chauffage chauffe bureaux et maisons, à moins que ce ne soit la cheminée qui offre un peu de chaleur et de vie. La déprime s’installe. Certains achète de la vitamine C pour combler le manque de soleil. Bref, la météo est actuellement au centre des discussions quotidiennes.

St Malo sous la pluie

« Il pleuvait sans cesse sur Brest ce jour là !  » Mais il pleuvait aussi sur St Malo. Crédit photographique : © 2013 Véronique Samson.

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Mais, ceci n’est qu’un avant goût. Lorsque nous aurons enfin réussi à polluer la totalité de la planète Terre, il ne sera plus temps de discuter, ni de se plaindre. Inutile de rêver, Mars n’est pas habitable à moins que vous ne puissiez surmonter les différences de températures qui oscillent entre 10°C et -90°C. Pas d’ozone pour vous protéger, pas d’eau sous forme liquide !

Mais revenons sur terre et soyons raisonnable, afin que nous comprenions que ce soit disant « réchauffement climatique » n’est autre qu’un terrible « dérèglement climatique ». Non, vous n’aurez pas plus chaud dans dix ans. Vous n’aurez que beaucoup plus de rhumatismes ! La goutte ne sera plus au pied mais au nez. Le poème de Prévert pourra être changé par « il pleuvait sans cesse sur Terre cette année là ! » lala lala…

D’ETONNANTS VOYAGEURS DEBOUSSOLES

Au cours des débats littéraires de ce week end, les visiteurs du festival Etonnants Voyageurs ont dû être parfois perturbés voire déboussolés. Et il y a de quoi !

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D’une part, le géographe Cédric Gras nous annonce que le Nord est à l’Est. D’autre part, le scénariste et dramaturge, Jean Claude Carrière avoue qu’il ne sait pas où est l’Orient !

Cartographie ancienneExposition sur la cartographie à l’ENSM de Saint Malo. Portulans, cartes et planisphères du XVIe au XVIIe siècle invitent au voyage. Atlas de Théodore de Bry. Crédit photographique : © 2013 Véronique Samson

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Ecrivain voyageur, Cédric Gras sillonne les régions éloignées de la Confédération de Russie. Il présente son dernier livre édité chez Phébus : « Le Nord est à l’Est – Aux confins de la Fédération de Russie ».  Au cours de ses pérégrinations, il constate que les points cardinaux ne sont pas aussi figés qu’il y parait. Pour beaucoup, s’il fait froid, la région appartient au Grand Nord même s’il s’agit d’une zone située au Sud.

Quant à l’Orient, contrairement à l’Occident, il est plus difficile de le définir. Il existe le Proche Orient, le Moyen Orient et l’Extrême Orient. Alors où est l’Orient dans tout cela, se demande Jean Claude Carrière. Il n’est pas donc pas aisé de comprendre les différences entre le roman en Occident et en Orient, termes génériques qui peuvent regrouper beaucoup de choses.

Par contre, avec ses Nouilles froides à Pyongyang, le journaliste Jean Luc Coatalem  déguisé en agent de voyage, nous promène dans un monde étrange, plein de chicanes, où ce qui est montré, n’est qu’un décor. Bien que ce monde semble en dehors de toute cartographie, là, nous savons bel et bien que nous sommes en Corée du Nord.