Quelques chiffres pour illustrer la situation actuelle concernant les inégalités professionnelles et salariales entre les femmes et les hommes (d’après une étude faite sur 5 000 entreprises (les plus grandes) :
7 % des femmes occupent des fonctions au « top management »
et 77 % des femmes occupent des postes d’employées,
or globalement les femmes sont plus diplômées que les hommes !
Voici ce que rapporte Françoise Fillon de l’Union Nationale Retravailler.
Les femmes se heurtent donc à une paroi invisible qui empêche une progression de carrière professionnelle, d’où la notion de ségrégation verticale ou de « plancher de verre ».
Françoise Fillon – Déléguée générale de l’union nationale « Retravailler » lors du colloque du CIFE intitulé « Femmes d’aujourd’hui dans le monde de demain » du 17 mars 2011 avec Françoise Laborde – Sénatrice de Haute Garonne.
Crédit photographique : © Véronique Samson
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Par ailleurs, les femmes ne sont présentes que dans 12 des 87 familles professionnelles, or elles occupent 51 % des emplois. On les retrouve majoritairement dans les domaines de la santé, de l’éducation, du social et du petit commerce. Une enquête européenne révèle que les femmes sont quatre fois moins nombreuses que les hommes dans les postes à responsabilité même si les pays scandinaves ont une longueur d’avance sur nous.
On ne peut plus parler de disparités mais bien d’inégalités entre les sexes et le genre. Il s’agit bien d’une double ségrégation envers les femmes (verticale et horizontale), car elle sont prises entre le « plafond de verre » et le « plancher collant ».
Mais d’où vient cette discrimination de sexes. L’enquête révèle plusieurs stéréotypes : les femmes accuseraient un manque de disponibilité, un manque de compétences et auraient moins de force physique que les hommes.
Françoise Fillon va plus loin dans la réflexion concernant la disponibilité. Ce stéréotype signifie que les femmes seraient moins disponibles que les hommes car elles auraient des tâches familiales prioritaires. Or pouvons nous réduire l’image de la femme uniquement à son rôle de mère et à la maternité ? En réalité, on s’aperçoit que maternité ou non, c’est bien l’ensemble des femmes qui est discriminé car elles sont potentiellement « mère ».
En ce qui concerne la compétence, l’étude révèle que les femmes auraient une prédisposition psychologique, voire cognitive, c’est à dire des compétences particulières au niveau relationnel, de l’accompagnement et de la pédagogie. Toutes ces capacités seraient le prolongement de que les femmes seraient mères et/ou maitresse de maison. De leur côté, les hommes seraient plus orientés vers la stratégie, le pouvoir, la décision et la technique. On a pu voir le résultat lors de la dernière crise financière. Le Monde a révélé, nous dit Françoise Fillon, que lors de cette crise les banques qui s’en sont les mieux sorties, étaient celles qui employaient des femmes au top management.
On constate d’une part que le clivage des métiers et la division sexuée du travail sont encore bien ancrés dans la société et que d’autre part, la distorsion entre ces stéréotypes et la contribution factuelle des femmes à la performance économique est démontrable.
Quant à la force physique, vu la mécanisation des tâches on peut douter que la force physique rentre en ligne de compte dans la majorité des métiers. Pire encore, si l’on prend l’exemple des employés de caisse de supermarché qui soulèvent un poids non négligeable par jour, on remarquera que la plupart de ces employés sont bien des femmes ! La force physique semble bien être une image non seulement distordue mais contradictoire.
Il existe donc une grande distorsion entre la réalité des faits et les mentalités qui s’accrochent encore et encore à des stéréotypes complètement dépassés dans notre société du XXI siècle.
Alors quels sont les leviers de changement ? Peut-on miser sur le cadre juridique ? Rappelons que la loi relative à l’égalité de travail et l’égalité de salaire date de 1972. Or les disparités, les inégalités existent encore 40 ans plus tard ! Françoise Fillon reste néanmoins optimiste. La loi du 9 novembre 2010 prévoit qu’au 31 décembre 2011, les entreprises qui n’auraient pas mis en place un plan de suppression des écarts de salaires, risqueraient une pénalité financière, soit environ 1 % de la masse salariale. Reste à savoir si seul l’argent permettra de changer les choses ! Françoise Fillon croit bien plus dans le changement de mentalité. Ce qu’il faut c’est que les entreprises reconnaissent la plus-value que représente la mixité des métiers. Elles ont tout à gagner et elles le savent, puisqu’une étude faite en 2005 auprès de 3 000 entreprises, fait ressortir que les entreprises qui se sont orientées vers la mixité des métiers reconnaissent les avantages suivants : résorption des carences de main d’oeuvre, consolidation de la réputation et amélioration de l’image de l’entreprise vis à vis de sa clientèle, développement de la créativité, de l’innovation étant donné la motivation et l’efficacité accrues du personnel. Réjouissons nous de cette prise de conscience des entreprises, nous sommes sur le bon chemin. Soyons également optimistes car la nouvelle tendance montre que les hommes s’investissent de plus en plus dans la parentalité.
Mixité des métiers, mixité des rôles parentaux et familiaux voici donc le fer de lance pour changer les mentalités et crever le plafond de verre et se dégager du plancher collant. Mais il faudra nécessairement continuer à sensibiliser les acteurs et les actrices de notre société. Il faudra former aussi et là le rôle des ressources humaines occupe une place importante. « Tutorat, mentoring, formation et coaching peuvent être mis en place pour que les femmes acquierent la capacité de s’affirmer sur le plan psychosocial. ». Françoise Fillon rajoute : « il est urgent de former les gens qui accompagnent les carrières des femmes et des hommes, de rapprocher l’éducation de la formation, la recherche, l’orientation, les entreprises et les branches professionnelles, mais aussi les chambres consulaires. Il faut construire des partenariats qui fassent parler la réalité économique et professionnelle contre les représentations et les préjugés ».
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