A Lourdes, pendant quatre jours, on a beaucoup parlé d’embuscades, de patrouilles, de morts et de guerre. On a vu aussi beaucoup de drapeaux tricolores flotter dans l’air.
Foulards bleu turquoise au cou, béret ou képi vissé sur la tête, médailles accrochées aux vestes, les anciens combattants d’Afrique du Nord se sont réunis lors d’un 13e pèlerinage regroupant environ 18 000 personnes venues de toutes les régions de France.
Les anciens combattants de l’AFN se retrouvent à Lourdes tous les deux ans. La 13e rencontre a rassemblé environ 18 000 personnes du 22 au 26 juin 2012. Crédit photographique : © 2012 Véronique Samson.
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Entre 1956 et 1962, ils étaient à terre ou en mer, simples soldats ou gradés, goums, spahis, zouaves, chasseurs alpins, maîtres chien, vétérinaires, etc. Pour commémorer la mémoire des disparus, les AFN se rassemblent tous les deux ans.
Alors que certains participent à des processions, ou des prières, d’autres font des emplettes ou sont à la recherche de camarades. Sous deux immenses tentes, on peut consulter la liste des anciens combattants, classés par régiment ou bataillon. Un homme, microphone en main, fait des annonces de recherche. D’autres ont accroché des photos ou des petites fiches colorées pour lancer des avis. Les hommes sont plongés dans leurs souvenirs.
Pendant que certains échangent leurs souvenirs de régiment, d’autres prient et allument des cierges dans la grotte de Bernadette. Crédit photographique : © 2012 Véronique Samson.
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La mémoire est encore très vive. André faisait partie du 24e régiment d’infanterie de marine, lorsqu’il était en Algérie . Chaque jour, il prenait des notes et faisait le bilan de la journée. Il a conservé son petit calepin noir qu’il montre fièrement aujourd’hui. Jacques se rappelle également : « lorsque je rentrais en permission, je ne parlais pas. Je disais seulement tout va bien ». Aujourd’hui, soit 60 ans plus tard, ces papis sont heureux et fiers de parler de cette période à leurs petits enfants qui posent plus de questions que leurs enfants. «Quand on est parti pour l’Algérie, on nous a dit qu’on allait pacifier la région. Or quand on est arrivé sur place, on nous a dit que nous devrions nous battre. Il ne s’agissait plus de paix mais de guerre ! ». Alors lorsqu’on parle aujourd’hui des soldats de l’Afghanistan et des honneurs qui leur sont faits, les anciens combattants sont irrités. Ces derniers n’avaient pas choisi d’aller en Afrique du Nord pour se battre ou pour mourir. « Ce n’était pas notre métier, nous n’étions pas payés pour cela. Mais nous aimerions ne pas être oubliés ! » rajoute un Vendéen.
Procession devant le parvis de la basilique de Lourdes. Crédit photographique : © 2012 Véronique Samson.
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Pour revenir sur le terrain actuel de l’économie, participer à ce voyage-pèlerinage coûte 370 euros par personne (voyage, hébergement, repas compris). Les « pins » s’achètent à 3 euros et les DVD retraçant les festivités de ces journées sont au prix de 20 euros ou de 50 euros. On peut aussi rencontrer Guy Gilbert, « le prêtre des loubards », qui dédicace ses livres.
Comme nous pouvons le constater, à Lourdes, la petite entreprise ne connaît pas la crise !