Archives mensuelles : Mai 2010

DJANKA SADIO – SANS PAPIERS

Djanka Sadio a 34 ans, il est père de famille. Tout comme beaucoup de ses collègues, il est originaire de la province de Kaye au Mali. Il a travaillé chez Bouygues Travaux Publics pendant cinq ans et six dans la société Superben. Il travaille depuis un an sur le chantier du tramway, Place des Lilas. Il vit ici, il bosse ici, il veut donc rester ici, mais avec des papiers !


Djanka Sadio délégué des Sans Papiers de la Porte des Lilas

Djanka Sadio, délégué des Sans Papiers, occupe le chantier du tramway de la Porte des Lilas depuis le 12 octobre 2009. Il est le dernier à attendre ses papiers pour faire sa demande de régularisation.

Crédit photographique : © Véronique Samson

Il fait grève depuis le 12 octobre 2009, soit 231 jours avec 24 autres collègues sans papiers. Il est le délégué de la Place des Lilas. Après plus de 7 mois de grève, 24 ouvriers ont reçu les documents nécessaires pour faire une demande de régularisation, sauf Djanka. Pour lui, le mouvement de grève « on sait quand cela commence mais on ne sait pas grand cela s’arrête. C’est comme un camion, ça avance lentement. Le mouvement c’est comme ça aussi, cela va lentement ». Quand à savoir s’il a eu des moments de découragements, la réponse est claire : « aucun, nous avons décidé de nous battre pour obtenir la régularisation, vivre dignement, vivre mieux au lieu de se faire exploiter toute notre vie« . Le groupe est toujours resté solidaire.

Djanka a constitué 3 équipes pour occuper le terrain jour et nuit. Chaque équipe fait un roulement et dort sur place depuis octobre. « Tous les lundis, j’organise une réunion d’information pour donner des explications aux collègues, pour motiver et donner un retour sur les événements de la semaine. Nous avons pris tous les risques : vivre dehors dans le froid de l’hiver, dormir dehors dans des tentes, puis dans une baraque de chantier,  faire à manger pour 25 personnes dans des conditions rudimentaires, en pleine rue ».

Prendre ces risques a été positif : « c’est parce que nous avons pris ces risques que nous avons obtenu de l’aide de la mairie du 19e arrondissement, que nous remercions. Mais si nous n’avions pas eu cette aide, nous aurions continué le mouvement de grève. Je suis très heureux pour les 24 cerfa, mais le mouvement continue, ce n’est pas la fin. Je suis le dernier à ne pas avoir le cerfa mais c’est bien comme ça, c’est la preuve que je n’ai pas mené cette bataille uniquement pour moi.  Je sais que j’aurai mes papiers mais je ne sais pas quel jour. »

INCENDIE AU 7e

Paris, le 24 mai 2010 – Surprise, des policiers ont bloqué les accès au pâté de maison de ma rue. Des pompiers ont déployé une échelle pour accéder au 7e et dernier étage du bâtiment, où j’habite depuis un mois. Ils m’assurent qu’il n’y a ni mort, ni blessé. L’ascenseur est mis hors service, le gaz et l’électricité sont coupés ainsi que l’eau. Les pompiers ont réussi à éteindre l’incendie mais l’eau coule par la gaine de l’ascenseur et le faux plafond. Elle atteint maintenant le 5e étage. Heureusement notre appartement est hors d’eau. Tout est intacte. Mais au 7e les dégâts sont considérables, il ne reste rien ! Sauf les magnifiques dégoulinures sur les murs en plâtre du palier dans lesquelles j’y ai vu de l’art abstrait, des paysages asiatiques, des beaux restes !

Vue de l’intérieur de l’appartement détruit. La toiture n’est pas atteinte mais tous les fluides (eau, électricité) sont détruits, ainsi que la porte palière, le mobilier et les revêtements muraux. Au sol, un amas de restes noirâtres nage dans l’eau.  Crédit photographique : © Véronique Samson

LES BEAUX RESTES

Peinture japonaise, calligraphie chinoise, exercice artistique, geste spontané ou travaillé, voici ce qu’inspire cette peinture en noir et blanc.  Simplicité, abstraction,  goût de l’épure, certes,  mais de quoi s’agit-il réellement ?

Si vous avez une idée de ce que représente réellement cette photographie, émettez là !

art, peinture, calligraphie

crédit photographique :  © Véronique Samson

RÊVE OU REALITE

Imaginons un instant que les Champs Elysées deviennent un espace végétal non pas pour deux jours mais pour toujours !

Nous pourrions à nouveau écouter les oiseaux chanter au lieu de subir le vrombissement et la pollution des voitures. Les abeilles butineraient les fleurs de lavande, le colza etc.  Les feux de circulation devenus inutiles, auraient disparu. Les amoureux pourraient s’enlacer entre les plants de tabac et les bambous. Les enfants courraient entre la vigne et les cyprès. Les vieux assis entre deux hêtres pourpres, diraient : tu te rappelles jadis quand il y avait encore des voitures sur les Champs, c’est tout de même mieux maintenant…

A quelques rues de là, la Tour Eiffel du haut de ses 317  mètres nous interpèle : née en 1889 je suis encore là ! Et comment va la biodiversité en 2010 ? est-ce que toutes les espèces sont encore là ? Imaginons nous donc en 2050, les Champs sont verts et nous nous remémorons les difficultés, les réticences, les critiques faites au Maire de Paris pour avoir imposé ce projet !

les flâneurs du dimanche visitent les Champs Elysées transformés en espace végétal

Les flâneurs du dimanche visitent les Champs Elysées transformés en espace végétal et découvrent des arbres et des plantes venues de toute la France. Les jeunes agriculteurs répondent à toutes les questions des curieux même à une heure tardive – Crédit photographique : © Véronique Samson

DE LA VERDURE EPHEMERE AUX CHAMPS

Préparatifs pendant la nuit du samedi au dimanche et ballet de manitous

Venus de toutes les régions de France, environ 600 jeunes agriculteurs sont arrivés à Paris en après midi pour une opération de séduction sur les Champs Elysées. Le but de l’opération est de planter cette avenue avec des arbres, du maïs, de colza, de blé tendre… Pour Franck Seguinier, agriculteur en cours d’installation dans le Morvan, il s’agit aussi « d’expliquer au public l’itinéraire cultural des diverses plantations et notamment les céréales« . Pour Eric Joanon, agriculteur et éleveur de charolais en Saône et Loire, cette opération vise également à « mobiliser les jeunes agriculteurs pour une plus grande solidarité« . Il s’agit aussi de « changer l’opinion du public qui considère trop souvent l’agriculteur comme le pollueur de la planète » et de « regagner leur estime« . Les plants qui verdissent les Champs ce week-end ont poussé autour de Paris mais aussi en province. Avec le transport des 986 palettes, il faudra néanmoins calculer le bilan carbone.

Champs Elysees, Capitale nature, biodiversite, agriculteur, eleveur, maïs, bléSecteur 1 : les jeunes agriculteurs bénévoles ainsi que le personnel embauché pour cette opération mettent en place les cultures qui couvrent les Champs Elysées soit 3 hectares. L’opération dure toute la nuit. A 8h l’avenue deviendra bien la plus belle avenue du monde – crédit photographique : © Véronique Samson

PAPOTAGES AU POTAGER

A Beaumesnil (Eure), Frédéric Lamblin fait visiter le potager conservatoire qui s’étend sur 1 hectare. L’association « 1001 légumes » replante chaque année 20 % des graines choisies, agastaches, choux perpétuels,  laitues chicon, courges, potirons,  tomates slava,  maïs etc. Tous ces légumes ont en commun d’être originaux, anciens et de préférence, ils sont locaux. Les légumes sont également vendus sous forme de panier AMAP.

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Le jardin conservatoire de Beaumesnil est un lieu de partage, de conseil et d’échange de plans – crédit photo : © Véronique Samson


AVANT LE 8 MAI

Les préparatifs du 8 mai vont bon train. Une équipe de cinq personnes est missionée pour installer les drapeaux français sur les principaux monuments parisiens : l’Arc de Triomphe, les Invalides, le Ministère des Affaires Etrangères…

Poseur de drapeaux Place des Pyramides à Paris – Crédit photographique : © Véronique Samson

UN DEFILE DE MODE PAS COMME LES AUTRES ou TISSONS LA SOLIDARITE

Elles s’appellent entre autres Brigitte, Jeanne, Sassafouiza, Elisabetha, Sergine et elles ont défilé à Paris à la Cité de la Mode et du Design devant Christian Lacroix et de nombreuses invitées.

Mannequins d’un jour à Dock en Seine, toutes ces femmes font toutes partie du réseau « Tissons la solidarité« *. Elles sont agent administratif ou participent à un programme de réinsertion professionnelle. Elles ont conçu, cousu et présentent leurs propres modèles à partir de matériaux recyclés : papier, voilage, moustiquaire, papier bulle, tissu d’ameublement, draps… Grâce à ce défilé très applaudi, ces retoucheuses, repasseuses et couturières ont obtenu une crédibilité aux yeux des professionnels, une reconnaissance et une fierté qui se lisait sur leur visage. Cet événement sera pour certaines un tremplin pour voler ensuite de leurs propres ailes dans le monde de la retouche et de la création.

Défilé de mode avec Tissons la Solidarité, une association de réinsertion professionnelle Paris, Dock en Seine, le 6 mai 2010 – Sergine fait partie de l’association Vestali et présente un ensemble de sa propre création – crédit photographique : © Véronique Samson

* « Tissons la solidarité » est un réseau fondé en 2004 par le Secours Catholique. Il regroupe 66 structures d’insertion mais aussi 121 boutiques de vêtements de seconde main. Il travaille en partenariat avec Emmaüs.